[HRP : Ce texte a été rédigé par Azog. Conservé soigneusement car il en a fait rire plus d'un parmi nous, je pense.]
Au matin de cette année 359, le soleil paraissait pâle au regard du brasier qui flambait aux environs de la Nécropole interdite. Des armées gigantesques campaient là, agglutinaient autour d’innombrables feux de camp et activant avec furie la fournaise de forges improvisées. La horde de Gorzaghs et ses puissants alliés affûtaient leurs lames. Ils allaient peut-être donner écho à la grande guerre qui s’était déroulée là jadis.
La guerre. C’est l’émergence de fraternités factices et de haines irraisonnées. C’est un face-à-face avec des fantômes inconnus et fuyants. La peur avant la bataille, parfois la mort sous la lance d’un ami, parfois la compassion dans le regard de l’ennemi. La guerre, c’est le chaos.
Voilà qu’un seul homme s’était mis en tête de défier le Chaos. Au départ, un conflit entre un marchand immensément riche et peu partageur et un Gorzagh intrépide et opportuniste qui s’était mué en bataille rangée généralisée. Les rumeurs affirment que les De Matha ont la rancune tenace et que tout s’envenima lorsqu’Azog le Profanateur s’en pris personnellement à sa famille. Un rapport des autorités de Jhelom témoigne d’ailleurs en ce sens.
Année du décès : 335.
Observations relatives aux conditions de la mort : Selon les observations préliminaires sur la scène du crime, et l’autopsie effectuée au sein du laboratoire nécromantique du Temple des ombres, nous avons pu déterminer les circonstances de la mort du sujet. A 3h45 en ce jeudi matin, Sainte Adèle De Matha, membre de la Corporation, a été agressée au coin d’une rue de l’Oasis de Jhelom par M. Azog le Profanateur, Gorzagh des jungles du sud.
M. Azog a ensuite trainé Mme. Matha à son domicile, au Camp de Gorzagh’Xhar. Là, il s’est armé d’un sac de pommes et l’a pour ainsi dire farci, à l’aide d’un balai dont il avait auparavant biseauté le manche, ce qui nous permet de retenir contre lui la charge de crime avec préméditation. M. Azog a ensuite mis le corps de Mme. Matha à rôtir en se servant du balai comme d’une broche. Interrogé sur ses motifs, il a déclaré aux enquêteurs qu’il s’agissait d’un « Plat traditionnel Gorzagh ».
Les deux protagonistes avaient des choses à régler c’est certain. Mais qui pouvait assurer que la vengeance personnelle était le seul objectif de cet être tortueux ? Ses objectifs de conquête laissaient planer grandement le doute… Et puis, est-ce que les forces du bien allaient réellement mettre leur fierté de côté et se faire chaperonner pour reprendre un avantage illusoire ? Après tout, on ne mesure son propre courage que face à la vaillance de l’adversité.